mercredi 30 octobre 2013

Taung Kalat : des esprits ... et des singes (suite de 'Visite au Mont Popa, la demeure des nats')



La nuit aura été particulièrement reposante dans cette chambre à l’odeur de bois et à la fraîcheur bienvenue.



C'est donc tôt le matin que j'emprunte le petit sentier aménagé au milieu de la forêt tropicale qui recouvre les flancs du Mont Popa pour me rendre au pied du Taung Kalat. La descente ne prend qu’une bonne demi-heure mais est freinée par l’attention de chaque instant que je dois porter aux toiles d’araignées qui barrent le chemin. Ces toiles pratiquement invisibles ne sont repérables que grâce aux araignées qui veillent en leur centre. Très vite je ramasse un bâton que je brandis en étendard devant moi pour m’assurer de ne pas me retrouver avec une de ces dames aux corps fuselé et aux longues jambes effilées au milieu du visage.

Le sentier débouche bientôt sur la route menant au village. Il est facile de se guider tant la cheminée volcanique est visible de partout ici. Une activité typique règne dans le village qui s’agglutine au pied du Taung Kalat : échoppes de fruits, gargotes, marchands ambulants, ‘tea shops’ où les hommes prennent leur petit-déjeuner, magasins proposant toutes sortes d’articles destinés à être déposés en offrande, etc. etc.



J’arrive bientôt à la base de la protubérance volcanique où est située l’école du village. C’est alors que j’aperçois, courant sur les faîtes des bâtiments, non pas des garnements, eux sont bien sagement dans la cour de récréation, mais d’agiles petits singes. On m’avait parlé des macaques qui vivaient à Mount Popa mais je pensais qu’il faudrait un œil averti et une longue planque pour espérer apercevoir furtivement une ombre se déplacer dans les feuillages. Les quelques primates batifolant sur le toit de l’école n’étaient en fait que les premiers d’une longue série de représentants de ce petit peuple ici chez lui sur ce promontoire rocheux.


 




Une cour de récréation bien encombrée...



Cherchez l'intrus !


Ma première visite est pour la galerie des nats. Comme je l’ai expliqué dans un billet précédent (voir http://cedricenbirmanie.blogspot.com/2013/09/visite-au-mont-popa-la-demeure-des-nats.html ) , Mount Popa est considéré comme le lieu de résidence de nombreux nats et, bien que le bouddhisme ait supplanté le culte des nats, c’est surtout en tant que lieu de pèlerinage dédié aux nats que Mount Popa est révéré.

L’un des nats les plus honorés ici est Mae Wunna, dont le nom birman complet signifie "l’ogresse mangeuse de fleurs" (le nom ‘popa’ viendrait du mot sanskrit signifiant fleur). Mae Wunna vivait au Mont Popa et tomba un jour amoureuse de Byatta qui travaillait au service du roi Anawratha (celui-là même qui introduisit le bouddhisme en Birmanie). Byatta, sorte de super-héros aux pouvoirs extraordinaires, avait pour mission de cueillir des plantes et des fleurs pour le roi. Il faisait donc chaque jour l’aller-retour entre Bagan et le Mont Popa (distants d’une cinquantaine de kilomètres). Amoureux de Mae Wunna lui aussi, ses excursions prenaient de plus en plus de temps… Parfois, il lui arrivait même d’oublier de rentrer au palais. De la liaison de Mae Wunna et Byatta naquirent deux fils.

Le roi, qui désapprouvait la relation de son serviteur le fit exécuter et fit emmener ses deux fils à son palais. Mae Wunna en mourut de chagrin et devint, tout comme Byatta, un nat. Les deux fils grandirent et devinrent, à l’instar de leur père, des héros au service du roi. Ils périrent eux-aussi suite à leur désobéissance causée par leurs espiègleries et facéties d’adolescents turbulents. Eux aussi devinrent de puissants nats aujourd’hui vénérés.

Mae Wunna entourée de ses deux fils
Des offrandes leur sont faites
Les histoires de nats abondent, souvent violentes, parfois assez sordides, mais de temps en temps aussi mignonnes et paisibles. Ainsi, le nat qui porte le nom de ‘la petite dame à la flute’ est la gardienne et la compagne de jeux des enfants. A ce titre, c’est elle qui fait sourire les bébés et les enfants dans leur sommeil…  

Après avoir présenté mes hommages aux nats, j’entreprends l’ascension de la colonne volcanique, empruntant pour ce faire les 777 marches qui conduisent au sommet.

Partout, des singes batifolent autour des pèlerins et sautent d’un toit à l’autre, d’une marche à l’autre en frôlant parfois les visiteurs. Fâcheusement, les primates ne sont pas éduqués et leurs déjections jonchent les escaliers foulés par les nombreux pieds déchaussés (endroit religieux oblige) …


Heureusement, toute une troupe de sentinelles veillent au grain et nettoient sans arrêt (pourboires acceptés de bon cœur) les marches crottées.

Leur tâche ne s’arrête toutefois pas là. Ils sont en effet investis de la protection des visiteurs en s’assurant que les singes ne deviennent pas trop remuants ou tapageurs. C’est ainsi que j’assiste à plusieurs reprises à la véritable débandade d’un petit groupe de ces primates devenus trop agités qui, à la seule apparition de l’arme secrète que porte chacun des nettoyeurs, déguerpissent sans demander leur reste.

Un lance-pierre gardé à portée de main a en effet un impact immédiat sur la petite ménagerie qui disparaît dès le surgissement de l’engin qui doit avoir plus d’une fois infligé de cuisants souvenirs aux fesses des macaques trop téméraires…





J’ai tout de même vu un singe s’emparer du châle d’une dame qui, ne se laissant pas démonter, alla le rechercher en détournant l’attention du petit chenapan grâce à des friandises… Cela n’était-il pas l’objectif du singe dès le départ ?

L’ascension du Taung Kalat est moins difficile qu’elle n’en a l’air vue d’en bas. Les volées d’escaliers sont entrecoupées de nombreux petits temples et autres lieux de recueillement qui incitent à la flânerie et le petit plus apporté par les facéties des singes font vite oublier le dénivelé parcouru. La vue sur la plaine adjacente n’est pas négligeable non plus.


Scène de famille



Les escaliers abrités par un toit en tôle


Lui non plus n'est pas insensible au paysage


A mon retour en bas de la colonne, je retrouve les singes de l’école tandis que les enfants sortent de classe sans même leur jeter un regard. Imaginez l’effet qu’aurait eu une clique de singes sur les murs de votre école quand vous aviez huit ans ! ;-)



Alors que je remonte la rue, j’entends des cris derrière moi. Une femme qui venait d’acheter des fruits s’est fait chaparder son sac en plastique, prestement emporté par un singe. Le butin est rapidement partagé avec le reste du gang sous les rires des passants et de la malheureuse qui doivent pourtant avoir assisté à ce genre de scène des dizaines de fois…


Les gredins, fiers du méfait accompli, leur butin vite englouti.

Mais il en faut plus pour le démonter celui-là...



mardi 29 octobre 2013

Comment j'ai fait les poussières avec Catherine Deneuve...


Les plus fidèles lecteurs parmi vous se souviendront des difficultés rencontrées pour trouver un logement à Yangon. J’avais, il y a quelques mois, fait le deuil de mes rêves d’exotisme et m’étais résolu à arrêter de m’imaginer en Catherine Deneuve dans ‘Indochine’, prenant la pose sur la terrasse en teck d’une maison coloniale surplombant le Mékong (voir les articles http://cedricenbirmanie.blogspot.com/2013/06/catherine-ou-es-tu.html

La chasse a finalement porté ses fruits et, après avoir visité nombre de maisons et appartements, nous avons enfin trouvé l’appartement qui répond à nos critères (en matière de situation géographique, présence de terrasse, etc.) et ceux de l’institution pour laquelle nous sommes ici (exigences en matière de sécurité, nombre de pièces, niveau de confort, etc.).

Victoire, après quatre mois passés à l’hôtel, nous avons donc emménagé le 1er octobre dernier.

Surprise en débarquant avec nos bagages : tout un petit monde s’affaire dans l’appartement. Alors qu’on nous avait annoncé qu’il n’y aurait plus qu’à déposer nos valises en arrivant, il s’avère que les quelques travaux et rénovations qui avaient été convenus n’ont pas été effectués. Pire, l’appartement n’a pas été nettoyé depuis la récente rénovation qu’il a subie et tout est recouvert d’une épaisse couche de poussière…

Au milieu de toute l’agitation qui règne dans et autour de l’appartement, trône une dame que l’attitude digne et respectable me fait tout de suite identifier comme la propriétaire des lieux.

L’agent qui nous a permis de dégotter cette perle d’appartement m’avait expliqué que sa propriétaire était une actrice de renommée nationale, véritable icône du cinéma birman dans années 60 et 70.

Quand je me suis renseigné auprès de mes amis birmans, ils m’ont confirmé que Daw K. T. T. avait en effet fait rêver des générations de Birmans et jouissant d’une popularité faisant d’elle LA star féminine du cinéma birman.

C’est donc face à la Catherine Deneuve locale que je me trouvais ce matin-là !

Contrairement à notre monument national, son alter ego birman ne maîtrise pas l’anglais et seuls mes rudiments de la langue locale me permettaient de communiquer un tant soit peu avec elle.

Au demeurant charmante, je ne perçois aucun aura ou charisme particulier chez cette souriante quinquagénaire. Elle ne me frappe pas non plus par une beauté hors du commun et je soupçonne que les voyages en Thaïlande dont elle me parle auront notamment été l’occasion d’un ou deux passages par le cabinet d’un des nombreux chirurgiens esthétiques officiant à Bangkok…

Le personnel de maison est souvent pléthorique dans les foyers aisées de Birmanie. Même une  famille de la classe moyenne aura en général, parfois vivant dans une annexe à la maison, une cuisinière, une femme de ménage, un jardinier et un chauffeur.

Etant donné le statut de Madame K. T. T., je suppose qu’elle emploie bien plus de personnel et que les cinq ou six personnes qui s’affairent en ce moment dans l’appartement ne représentent qu’une petite partie de son staff quotidien.

Avec une prestance que j’imagine digne de l’ancienne noblesse birmane (disparue en 1885 avec la monarchie lorsque les Britanniques ont pris le pouvoir et déporté le roi Thibaw et la reine Supayalat, derniers souverains du pays), Madame K. T. T. ne donne que peu de consignes et se borne à guider ses ouvriers qui semblent savoir ce qui est attendu d’eux.

Peu habitué à rester inactif à regarder les autres travailler (et, je le confesse, convaincu que le résultat sera plus à ma convenance si je le fais moi-même…) je profite de la disparition momentanée de la vedette pour commencer à nettoyer les placards de la cuisine.

Les coups d’œil curieux que me lançaient jusqu’ici les employés se muent alors en regards effarés, voire effrayés.

A son retour, Daw K.T. T., visiblement gênée de me voir ainsi à quatre pattes, m’enjoint de cesser immédiatement et de me reposer (Il n’est jamais que 9 heures du matin !). Je tente de lui expliquer que je préfère nettoyer que rester là assis à attendre même en sa délicieuse compagnie…

Je suis bien conscient que je la mets mal à l’aise et que je défie toutes les convenances sociales mais après vingt minutes à être planté à ses côtés à tenter de maintenir une conversation qui tourne en rond, je suis prêt à briser tous les tabous pour m’assurer qu’au moins les placards seront propres !

Manifestement embarrassée par la situation, Daw K. T. T. finit par décider de prendre un chiffon et de commencer à dépoussiérer le plan de travail de la cuisine, sous les yeux de plus en plus paniqués de ses employés.

Je ne dois toutefois pas insister trop longtemps pour la convaincre de reprendre sa place centrale à la table de la salle à manger d’où elle pourra régenter son petit monde tandis que replonge la tête dans mes placards.

J’ai hâte d’avoir l’occasion d’épater mes amis birmans en leur racontant que j’ai fait les poussières avec l’idole de leur jeunesse. Je ne suis toutefois pas sûr qu’ils me croiront…

 J’ai essayé à plusieurs reprises de prendre la vedette en photo sous prétexte d’un inventaire ou d’un état des lieux (concept inconnu ici) mais elle a généralement réussi à esquiver mes clichés. Cette photo sera donc le seul souvenir visuel de mon idylle ménagère avec une star du ciné…


jeudi 24 octobre 2013

Les derniers soubresauts de la saison des pluies 2013



Le 15 octobre revêt une importance particulière pour moi.

D’une part, c’est mon anniversaire, d’autre part, cette date est censée marquer la fin de la saison des pluies (qui a commencé en juin, coïncidant avec mon installation dans le pays).

J’ai donc décidé d’aller fêter cela dans le centre ville en achetant une peinture qui avait attiré mon attention dans une galerie quelques jours auparavant. Il s’agit d’une galerie qui expose les œuvres de jeunes artistes birmans et j’avais décrété que cette petite toile serait mon cadeau d’anniversaire à moi-même, m’improvisant ainsi mécène d’une jeune génération d’artistes ne demandant qu’à être reconnus.

Je suis donc parti sous un ciel clément, laissant à la maison le parapluie multicolore qui a accompagné chacune de mes sorties ces derniers mois. Première grave erreur.

L’orage a éclaté alors que j’étais à la galerie.

Deuxième erreur : me dire qu’il valait mieux rester à la galerie en attendant que cela passe.
Après plus d’une heure d’attente, la pluie ne montrait toujours aucun signe de vouloir se calmer, au contraire.

Comme je connais un peu le topo, je savais que dans ces cas-là les routes sont rapidement inondées, provoquant un chaos dans la circulation automobile, déjà difficile en temps normal.
J’ai donc décidé de braver le mauvais temps avant qu’il ne soit trop tard et de quitter la galerie pour éviter d’être bloqué là pour une durée indéterminée. Troisième erreur.

Il était bien sûr déjà trop tard. Les avenues du centre-ville étaient bien évidemment déjà sous eau ; les bus, pour la plupart pleins à craquer, à l’arrêt sur les îlots émergeants et les taxis pris d’assaut et circulant difficilement au milieu de gerbe d’eau sale éclaboussant les malheureux piétons cherchant en vain à trouver un abri.

C’est donc à pied que j’ai entamé mon retour vers la maison. A pied, mais certainement pas à pied sec. L’eau arrivait dans les meilleurs des cas au niveau des chevilles, souvent à mi-mollet. Il va sans dire que l’eau qui défile dans les rues à ces moments-là se gonfle de tout ce qui traîne habituellement dans les égouts à ciel ouvert qui longent toutes les rues et que les torrents improvisés se chargent de toute sorte de déchets inidentifiables et dégagent une odeur pestilentielle. J’essayais de ne pas imaginer les horreurs que je sentais caresser mes mollets au passage…

Les rues de Yangon étant parsemées de trous où les plaques de béton recouvrant les égouts ont disparu, il en va de votre survie de ne pas tomber dans un des ces pièges mortels en cas d’inondation. C’est donc avec beaucoup de précaution que j’avançais, prenant soin de toujours mettre mes pas dans ceux d’un riverain qui, je l’espérais, connaissait suffisamment l’état de la chaussée pour éviter les endroits à risque.

C’est ainsi que j’ai pu, pas à pas, arriver sur la grande avenue qui remonte vers le haut de la ville où j’habite dorénavant. Après quelques centaines de mètres, j’ai enfin pu héler un taxi miraculeusement libre, serrant dans mes bras la toile que les employés de la galerie avaient pris soin d’emballer de multiples couches de plastique quand je leur ai annoncé ma décision de braver les éléments.

 
De l'intérêt de porter un longyi plutôt qu'un pantalon..


Et des tongs qu'on peut retirer plus facilement...

Le tout en gardant toujours le sourire...

A la recherche d'un endroit immergé où installer son échoppe ambulante



Même les pieds dans l'eau, la vie continue. Les marchands vendent leurs samosas et les clients sont fidèles.

Par contre je ne comprends pas trop ce que le balayeur de rue essaie de faire...


Mais le principal est que mes hiboux soient arrivés à bon port
et trônent maintenant dans la chambre à coucher ! ;-)


mardi 22 octobre 2013

Le numéro que vous avez demandé...


La Birmanie est un pays compliqué…

Depuis que le gouvernement a décidé d’ouvrir le pays après des années d’isolement et de repli sur soi, le ‘retard’ à rattraper est abyssal.
Cela se manifeste dans de multiples aspects de la vie quotidienne.

Aujourd’hui, c’est de téléphonie qu’il sera question.
En effet, ça y est, j’ai un numéro de téléphone permanent !

Jusqu’à présent, je devais changer de numéro de téléphone (portable) chaque mois…
De fait, deux possibilités s’offraient à qui souhaitait acheter une carte SIM afin de pouvoir utiliser leur GSM.

La première option était d’acheter sur le marché parallèle une carte SIM ‘classique’ (dans le sens occidental du terme). Il s’agit alors de cartes qui avaient été attribuées par tirage au sort à des Birmans. En effet, la demande est tellement forte et les disponibilités insuffisantes qu’un système de tirage au sort a été instauré. C’est ainsi que l’on peut régulièrement lire dans la presse quotidienne qu’un tirage au sort aura lieu dans tel village de tel district du pays où 1000 cartes SIM seront mises en jeu. Libre alors aux citoyens birmans de s’inscrire à la loterie. La somme à payer est modique, mais les bénéfices potentiels énormes dans la mesure où les heureux lauréats pourront, s’ils le souhaitent, remettre leur carte SIM en vente au plus offrant.

C’est ainsi qu’il est facile de trouver à Yangon des ‘agents’ qui se sont spécialisés dans ce commerce en jouant les intermédiaires entre les vendeurs et les achteurs potentiels. Il y a environ un an, le prix de vente était d’environ 1000 dollars. Quand on sait que la grande majorité des Birmans survit avec l’équivalent de quelques dollars par mois, on comprend aisément que la tentation de revendre sa carte SIM est très grande…

Quand je suis arrivé ici en juin, le prix de la transaction tournait autour des 300$, somme que je refusais de payer pour une carte SIM (après tout, jusqu’il y a peu, je vivais très bien sans téléphone portable !).

La solution de repli était l’achat de cartes temporaires. Celles-ci coûtaient 20$ et avaient une durée de vie d’un mois à compter du jour de leur activation. C’est ainsi que chaque mois, je notifiais mes quelques contacts de mon changement de numéro de GSM. Ce système me convenait et j’étais bien déterminé à continuer à l’utiliser jusqu’à ce que le prix des cartes ‘classiques’ retombe à un prix plus ‘normal’, ce qui devrait immanquablement se produire.

Jusqu’au jour où, me rendant à la boutique où j’avais pris l’habitude d’aller chaque mois me procurer une nouvelle carte (et le nouveau numéro assorti !), on m’explique que ce type de carte n’existe plus…
Après m’être renseigné de toute part et avoir fait le tour des nombreuses boutiques susceptibles de vendre ces cartes, il a bien fallu que je me rende à l’évidence, celles-ci avaient bien disparu du paysage du jour au lendemain et sans notification préalable…

Ne restait donc plus que les cartes issues du tirage au sort.

Après quelques semaines de rébellion, je me suis incliné et ai acheté une ce ces cartes…

Heureusement, leur prix baisse régulièrement et j’ai pu en trouver une à 170$. C’était la moins chère du lot. En effet, dans un pays où la numérologie occupe un place d’honneur, il est important d’avoir un numéro de téléphone approprié ! Celui dont j’ai hérité n’offre sans doute pas, aux yeux des Birmans, une combinaison optimale. Je m’en soucie peu.

Je suis donc à présent propriétaire de la carte SIM d’une jeune Birmane, heureuse gagnante à la loterie de son village. En rachetant sa carte, j’ai bien sûr reçu le document officiel qui lui avait été remis, dûment tamponné aux endroits requis et orné de la photo de la jeune fille en question (pour chaque document on vous demande deux photos d’identité ici !).

J’ai eu de la chance, il semblerait que l’ancienne propriétaire du numéro de l’a jamais utilisé. En effet, plusieurs personnes de mon entourage qui ont dû, comme moi, avoir recours à cette méthode pour se procurer une carte de téléphone, reçoivent depuis lors régulièrement des appels ou des SMS, parfois coquins, de personnes qu’ils ne connaissent pas. Les malheureux correspondants n’auront manifestement pas été informés que la carte avait entretemps trouvé preneur sur le marché parallèle…

Ce document aura été pour moi l'occasion d'apprendre qu'il n'y avait pas (encore ?)
d'équivalent au mot 'SIM card' en birman...


Dans un prochain billet, je vous raconterai comment j'ai eu l'occasion de faire les poussières avec Catherine Deneuve (ou presque...)

vendredi 11 octobre 2013

Cadeau de la vie

Je vis dans un pays magique.

Plusieurs personnes m’ont raconté leur histoire d’amour avec le Myanmar.

J’ai rencontré récemment une Australienne avec qui j’ai vite sympathisé. Quand je lui ai demandé les raisons qui l’avait amenée a Yangon, voici ce qu’elle m’a raconté :

« Je vivais a Hong Kong depuis plus de 10 ans. J’y avais monté et fait fructifier une boite de consultance en recrutement pour le secteur bancaire. Je suis venue en vacances au Myanmar pendant 15 jours au début de l’année. Au moment de partir, j’ai décidé de laisser mes valises ici, sachant que je ne rentrerais a Hong Kong que pour tout arrêter là-bas avant de venir m’installer ici. »

P. est a Yangon depuis maintenant 6 mois, connaît des difficultés (tout est compliqué au Myanmar…) mais n’a pas regretté une minute sa décision.
Elle déborde de projets (professionnels et autres), reçoit les nombreux petits cadeaux quotidiens que la vie ici a le don de prodiguer a qui sait les recevoir, et elle garde a l’esprit que les moments difficiles, comme tout dans la vie, ne sont que transitoires…

Ma conversation avec P. ce matin aura été un de ces petits cadeaux.