lundi 30 septembre 2013

Visite au Mont Popa, la demeure des nats


J'ai parlé à plusieurs reprises des 'nats', ces esprits auxquels les Birmans vouent un culte fervent et dont les représentations vous accompagnent partout.


Un petit autel de nat rencontré
récemment lors d'une balade à Yangon

En Birmanie, le surnaturel et la superstition sont partout et c'est donc avec une excitation certaine que je me suis rendu au QG des nats, au Mont Olympe du panthéon birman: le haut lieu de pélerinage qu'est le Mont Popa.



Taung Kalat, lieu de pélerinage. Il s'agit d'une colonne de basalte qui s'érige au pied du volcan Mount Popa
depuis lequel est prise cette photo. Au sommet de la colonne, une série de pagodes et de temples
accessibles via un escalier de 777 marches.
 


Je me suis étonné au début de cette cohabitation entre le culte des nats et le bouddhisme, tellement partie intégrante de la vie quotidienne en Birmanie. Des autels dédiés aux nats sont par exemple présents dans les lieux de culte bouddhistes (voir les articles http://cedricenbirmanie.blogspot.com/2013/06/rencontre-avec-les-novices-au-monastere.html ou http://cedricenbirmanie.blogspot.com/2013/08/pagodes-gogo.html).

On doit ce syncrétisme à l'intelligence du roi Anawratha qui, lorsqu'il instaura le bouddhisme en 1044, permit rapidement l'intégration des nats, tellement ancré dans les moeurs de ses sujets, dans l'univers spirituel bouddhiste birman. 

Mais qui sont ces  nats ?

Il existe en réalité deux sortes de nats. Les nats 'supérieurs' sont bien identifiés et sont au nombre de trente-sept. Un peu à la manière des saints chrétiens, ils sont les esprits d'êtres humains (anciens rois, moines, etc.) qui ont eu une vie exemplaire et souvent, une mort tragique et brutale. Leur histoire est connue et le culte qui leur est voué est fonction des pouvoirs qu'on leur prête.

Il y a par exemple un nat protecteur des conducteurs (l'équivalent du Saint Christophe des catholiques ?). Par contre, c'est plutôt à Thuratathi que les étudiants feront des offrandes. Un autre, Mahagiri, gardien des maisons, est l'un des plus anciens et des plus vénérés. Il est souvent représenté à l'entrée des maisons birmanes par une grosse noix de coco recouverte d'un ruban rouge. Un autre encore se préoccupe particulièrement des musiciens (Sainte Cécile ?). Les nats portent souvent des noms assez poétiques (la dame aux flancs dorés, le benjamin de l'or inférieur, le seigneur du parasol blanc, la dame trois fois belle, etc.) et sont reconnaissables à leurs attributs et leurs vêtements.
Il y a des nats gentils, protecteurs, mais il y a aussi des nats méchants, tels que U Min Kyan, l'alcoolique ou encore le nat fumeur, pour qui on peut souvent acheter des cigarettes à l'entrée des pagodes.

Si le bouddhisme prend en charge les vies futures, les nats sont plus liés aux préoccupations de la vie quotidienne. Une mauvaise action peut ainsi être corrigée par des offrandes à Thag Yamin qui tient le livre des bonnes actions (un livre aux feuilles d'or) et le livre des mauvaises actions (un livre en peau de chien). 

A côté de ces trente-sept nats bien définis et identifiés, on croit aussi aux nats 'inférieurs'. Ceux-là sont innombrables étant donné que la croyance est fondée sur le principe que tout être, vivant ou non, est animé d'un esprit. Arbres, sources, forêts, rochers, etc. sont donc habités par un nat qui peut se manifester.

Le Mont Popa, un volcan qui s'élève à environ 1500 mètres au-dessus du niveau de la mer (après plusieurs mois dans la chaleur humide tropicale de Yangon, cela m'a fait tout drôle d'y ressentir la fraîcheur associée à l'altitude du lieu !) à une cinquantaine de kilomètres de Bagan, est bien sûr entouré de légendes qui expliquent sa naissance et ses pouvoirs.

Mais il est surtout connu comme le lieu de résidence de plusieurs nats qu'il convient de traiter avec respect, par exemple, en évitant d'y porter du rouge, du noir ou du vert (j'ai suivi ces préceptes religieusement) ou d'y emporter de la viande de porc (ça, c'était plus facile !) ...

Lieu de pélerinage important donc, c'est surtout vers Taung Kalat que se dirigent les pélerins. Cheminée volcanique s'élevant au pied du Mont Popa, le Taung Kalat est coiffé d'un monastère bouddhiste accessible par les 777 marches enserrant les flancs de cette colonne de lave solidifiée.

Arrivé en fin de journée au Mont Popa, je passe la nuit sur les flancs de celui-ci, profitant de la magnifique vue qu'offre l'hôtel sur le Taung Kalat.



C'est dans un bungalow de bois, entouré des bruits de la forêt que je m'endors ce soir-là.

Les nats avec qui j'ai rendez-vous demain sont-ils assoupis dans les alentours ou ne dorment-ils jamais ? Préparent-ils leur journée du lendemain ou leur vie est-elle faite d'improvisations ?
Seront-ils satisfaits des offrandes qu'on leur préparera demain et répondront-ils aux nombreuses prières qui leur seront adressées ?

(à suivre)

vendredi 20 septembre 2013

Les fabriques de laques


Bagan est considérée comme la capitale birmane des objets en laque.

Pour plus d'informations sur le processus de fabrication, je vous invite à visiter le site web suivant. Il s'agit du site d'une des entreprises de fabrication de laque. Désolé pour les non-anglophones parmi vous, je n'ai rien trouvé de satisfaisant en français...http://www.baganhouse.com/index.php?option=com_content&view=article&id=53&Itemid=76  

J'ai eu l'occasion de visiter trois fabriques d'objets en laque.

La première visite s'est faite de manière impromptue. Je suis arrivée au hasard de mes balades à vélo chez un petit producteur où la fabrication se fait en famille.



Après avoir gravé les motifs au stylet, on les remplit de couleur.
Puis on rince l'excédent


Les objets sont mis à sécher

















Pour la deuxième visite, c'était une fabrique à plus grande échelle où des visites sont mêmes organisées pour les touristes intéressés (avec passage par la boutique à la clé...). 


La première étape : de fines bandes de bambous sont superposées.
C'est moins évident que cela n'en a l'air. Tout un art.



Les différents pigments, tous naturels d'après la charmante employée.

Après avoir déjà reçu plusieurs couches de laque, les motifs sont gravés.





La finition pour ce superbe meuble


  


La troisième fabrique que j'ai eu l'occasion de visiter était de taille moyenne et j'y ai eu droit à la visite complète par le patron.



Le patron me présente la laque utilisée, il s'agit de la sève d'un arbre.

Deux étapes différentes de la production ici

Ce monsieur doit employer la moitié des jeunes filles du village


Les jeunes filles commencent leur apprentissage vers 14 ans.
Elles travailleront ici jusqu'à ce qu'elles se marient et aient des enfants...

Un travail de précision


Ce monsieur tresse du crin de cheval sur les bandelettes de bambou. Le tout sera ensuite laqué et le résultat sera des bols souples.
Suite à ces visites, je m'attendais à voir des hordes de chevaux chauves... 






dimanche 15 septembre 2013

La fabrique de sucre de palme




Le dernier stûpa n'a pas encore disparu à l'horizon que la plaine se hérisse d'autres sentinelles, d'une tout autre nature.

La jolie vallée que je traverse est en effet parsemée de nombreux palmiers dont les troncs sont flanqués d'étroites échelles de bambou.

Deux des palmiers exploités par mon interlocuteur.
L'engin que l'on voit à droite des palmiers est une presse à
arachides servant à produire de l'huile (champs d'arachides derrière les palmiers).

Régulièrement, de petites constructions sommaires se dressent au bord de la route longiline que nous semblons être les seuls à emprunter aujourd'hui. Une cinquantaine de kilomètres séparent en effet Bagan de Mount Popa, ma destination aujourd'hui, qui fera l'objet d'un prochain billet.

Poussé par ma curiosité, je demande au chauffeur de taxi de s'arrêter à l'une de ces installations devant lesquelles se dressent des présentoirs. 

A peine sorti de la voiture, le propriétaire des lieux apparaît et entreprend de m'expliquer ce qu'il propose à la vente...

Les petites échoppes qui se succèdent le long de la route sont en réalité autant de petites unités de productions de sucre de palme.

Les palmiers en question sont en effet des palmiers à sucre (Borassus flabellifer) dont la sève est récoltée au niveau des inflorescences de l'arbre au moyen de petits récipients hissés là-haut grâce aux frêles échelles que j'avais repérées depuis la route. Il semblerait qu'un seul de ces arbres peut produire de 10 à 20 litres de sève par jour pendant toute la saison, qui dure environ 5 mois. Les récipients sont donc vidés deux fois par jour. Selon mon interlocuteur, les six arbres qu'il exploite ici ont environ 40 ans et peuvent vivre et produire de la sève jusqu'à 400 ans... 

 

Ce ne sont pas des noix de coco au sommet de
cet arbre, mais des petits récipients ronds en céramique
placés là-haut pour récolter la sève.
 Une dégustation m'est proposée (imposée ?) et je comprends vite que je ne partirai pas de là avant d'avoir acheté quelque chose...

Le premier trésor que l'on me fait goûter est le sucre de palmier cristallisé. Je ne prends qu'une pépite du morceau qui m'est présenté. Une explosion sucrée fond sur ma langue. La texture et le goût me rappellent les petites billes mordorées que je cherchais avidement dans la cassonnade blonde qui égayait les crêpes de mon enfance.

Ayant repéré en moi la "bouc' à suc' ", surnom ch'ti dont on m'a plus d'une fois affublé dans ma jeunesse picarde, le patron me présente maintenant son sucre parfumé à la noix de coco. Divin.
Vient ensuite le sucre de palme parfumé à la 'sour plum' (prune amère ?). Moins convaincant en ce qui me concerne...




Puis il passe aux choses sérieuses... Il me fait d'abord goûter le sirop de palmier, soit la sève fraîche récoltée ce matin. Un liquide sirupeux, très sucré mais peu parfumé.

Ensuite, c'est la version fermentée (depuis hier) qu'il me propose. Il appelle ça 'toddy'. Le sirop est devenu blanchâtre, un peu mousseux et on y goûte bien les quelques degrés d'alcool qui s'y sont développés.

C'est enfin de l'alcool distillé qu'il m'invite à essayer. D'abord l'alcool pur, trop fort pour moi, qui rappelle la vodka, puis une version adoucie au miel récolté dans les colonies d'abeilles sauvages locales.

Après la dégustation vient le moment de la visite de l'installation.
Mon interlocuteur me fait visiter son exploitation, qui se limite aux six arbres qu'il exploite et à la hutte qu'il s'est construite et qui lui sert aussi bien de fabrique que d'habitation.

L'exploitant me montre une inflorescence mâle (le palmier à sucre est dioïque)



La fermentation de la sève

















La distillation de la sève de palmier

L'occasion de me rendre compte qu'outre sa sève, le palmier procure à l'exploitant les matériaux pour la construction de son habitation. La hutte est en effet construite avec le bois du palmier tandis que le toit est constitué de palmes entremêlées qui dureront plusieurs années.

Les tables et chaises sont aussi construites avec les matériaux locaux, à savoir des branchages ou des rondelles de troncs de palmier ! Quant aux paniers présentant les différents produits confectionnés ici, ils sont faits à partir de palmes tressées. Une industrie familiale dont l'empreinte écologique doit être proche de zéro...  





Avant mon départ, une salade de feuilles de thé vert me sera
offerte dans un plat en laque prévu à cet effet...


Inutile d'ajouter que je ne suis pas reparti les mains vides de cette exploitation familiale bien sympathique...

mardi 10 septembre 2013

Les sept filles de Madame Yar Pyi

 
Bagan est un endroit touristique, les guides en tout genre ne s'y sont pas trompés et lui accordent une place de choix dans leurs publications.
 
Outre les informations culturelles d'usage, les 'Guides du Routard', 'Lonely Planet' et autres font bien sûr un relevé des hôtels et restaurants qu'ont testés leurs collaborateurs. Le grégarisme du touriste lambda étant ce qu'il est, il n'est pas rare, quel que soit le pays que vous visitez, de voir dans un restaurant un exemplaire du 'Lonely Planet' (probablement le plus diffusé à l'échelle mondiale) sur le coin de chaque table du petit resto "tellement typique et fréquenté par les locaux" dont le guide vante les mérites... 
 
Je ne vais pas jeter la pierre à ces touristes, moi aussi je me laisse parfois convaincre par les arguments des guides et la facilité que leurs conseils procurent...
 
Mais cette fois-ci, il en a été autrement pour moi et cela m'a permis de faire une de ces rencontres dont je suis tellement friand...
 
Le restaurant 'star' des guides touristiques occidentaux semble ici être le restaurant végétarien 'Moon' dont le slogan "Be kind to animals" ('Soyez bons envers les animaux') a dû en faire craquer plus d'un.
 
  


Ce restaurant est manifestement repris dans tous les guides; ses tenanciers le savent bien et en jouent.



 Cette exploitation me rebutant un peu, je passe mon chemin pour trouver, pratiquement en face de cette adresse, une autre affiche qui m'attire beaucoup plus... Celle-ci insiste en effet sur le fait que les guides touristiques n'ont pas encore repéré l'établissement mais que ce sont les clients qui recommandent l'adresse via leurs témoignages dans le livre d'or. Et, argument choc, "la famille Yar Pyi dit qu'ils sont les plus délicieux !"






Madame Yar Pyi et son neveu

C'est donc là que je décide de prendre mon repas ce soir.

Madame Yar Pyi oeuvre en cuisine pendant que son neveu fait le service. La charmante cuisinière vient s'inquiéter de notre satisfaction entre chaque plat, l'occasion de taper un petit brin de papote et d'en apprendre un peu plus sur la cuisine birmane.

En entrée, je choisis le leq peq thouq (prononcé plus ou moins "lè pè to", le 'q' final symbolise le coup de glotte en fin de mot...), une salade très courante en Birmanie.  

Il s'agit d'une salade de feuilles de thé vert humidifiées et pressées (je ne sais pas si elles sont un peu fermentées ou non), mélangées à des graines de sésame, des petits pois et de l'ail frits, des crevettes séchées, des cacahuètes et du gingembre grillé. L'aspect n'est pas toujours très ragoûtant mais c'est très bon, j'aime particulièrement le côté croquant de cette salade.
Le tout est servi avec du thé vert brûlant.



Pour le plat principal, mon convive et moi partagerons nos currys... Difficile de dire lequel je préfère entre le curry de tomates aux arachides et le currry d'aubergines... Tous deux sont épicés juste ce qu'il faut et servis avec du riz parfumé à la noix de coco... Un délice.


Madame Yar Pyi vient nous présenter
les tomates qu'elle va utiliser dans son
curry... A ses côtés, la petite dernière.

Le repas terminé, Madame Yar Pyi vient nous faire la causette. Elle s'excuse d'abord de son anglais rudimentaire "Me no school, me English I learn with customers", qui est pourtant meilleur que celui de la plupart des Birmans rencontrés jusqu'à présent.

Comme souvent, les quelques phrases que j'arrive à aligner en birman la font s'extasier et elle s'emballe dans sa propre langue jusqu'à ce que je lui fasse comprendre que je n'en suis qu'à mes tout débuts et qu'il vaut mieux qu'elle me parle en anglais !

Notre conversation est des plus agréables et au bout de la soirée, c'est toute la famille que je connais un peu.

Madame Yar Pyi et son mari (qui est assis silencieusement dans son fauteuil dans un coin de la pièce mais qui ne rate rien de la conversation) ont huit enfants : sept filles et un garçon.

Les six ainées sont des filles, toutes doivent avoir une bonne vingtaine d'années, puis est enfin arrivé un garçon, qui a environ 8 ans et que je vois passer la tête par la porte de la cuisine de temps en temps. Enfin, la petite dernière, qui batifole dans le restaurant depuis tout à l'heure et a l'air très intéressée par ces deux étrangers qui discutent avec sa maman. Elle viendra même, à la demande de sa maman, nous présenter ses devoirs. Une complicité immédiate se crée alors entre nous, la petite en est en effet au même stade que moi de l'apprentissage de l'écriture birmane, et je reconnais dans ses devoirs les caractères qu'elle recopie sur les lignes de son cahier, comme je le fais en ce moment après chaque leçon de birman... J'aurai même droit à toute une chanson enfantine dont je ne comprendrai pas un traître mot.

Madame Yar Pyi est très fière de ses enfants, qui ont pour la plupart fait des études et ont maintenant des emplois prestigieux. L'une est institutrice, une autre est réceptionniste dans l'un des grands hôtels de Yangon, une troisième est étudiante en ingénierie informatique à Yangon, etc. etc. Madame Yar Pyi m'explique qu'elle a dû vendre sa maison pour pouvoir payer les études de ses enfants mais il est évident, lorsqu'elle me montre les photos de la famille affichées au fond du restaurant, qu'elle n'a jamais regretté ce sacrifice.



Pendant que madame me détaille chaque photo, monsieur est en train de préparer un grand sac avec toutes les bonnes choses qu'il va apporter à ses filles à Yangon demain. Il prendra en effet le bus pour Yangon (compter environ 14 heures de voyage) pour leur apporter ce qui me paraît une tonne de bocaux remplis de denrées que je ne peux pas identifier, d'oignons, de sacs de thé et d'épices, etc. etc.

C'est donc un peu une tranche de vie d'une famille birmane à laquelle j'assiste ce soir.
Et je sais que je n'aurais pas eu la chance de vivre tout cela en dînant au restaurant recommandé par tous les guides...

dimanche 8 septembre 2013

Bagan, une des splendeurs de la Birmanie


Même si je suis loin d’avoir fini de découvrir Rangoun, je me suis dit qu’il était temps de commencer à explorer d’autres régions du Myanmar.

Et c’est Bagan que j’ai décidé de visiter, non seulement parce qu'il s'agit d'un des berceaux de la Birmanie, mais aussi parce que c’est le passage obligé de tout touriste dans le pays.

En tant que tel, Bagan est littéralement envahie de visiteurs pendant la haute saison touristique (qui correspond à la saison ‘fraîche’ s’étendant de novembre à février) et je me suis dit que ce début de mois de septembre serait une période idéale pour visiter la région : les touristes ne sont pas encore arrivés, la température y est supportable (contrairement à la saison chaude qui va de mars à juin) et la saison des pluies (qui commence en juin et se termine en octobre) y est beaucoup moins marquée qu’à Rangoun, plus proche des côtes.

La "zone archéologique de Bagan" qui s'étale sur 42 km² au bord du fleuve Irrawady, à environ 600 km au nord de Rangoun englobe plus de 2000 pagodes, temples et stûpas qui en font un véritable musée vivant à ciel ouvert.

C'est un lieu magique, offrant des panoramas à couper le souffle que les descriptions et photographies ne peuvent révéler... Ce site qui contient un patrimoine architectural et historique fabuleux semble parfois irréel, au gré de couleurs qui changent en fonction de la lumière et du spectacle qui se révèle quelque soit la direction vers laquelle le regard se porte. 




Un des avantages d'y aller en septembre est donc de ne pas être confronté à d'innombrables visiteurs. Toutefois, le site est tellement étendu que je suis persuadé qu'il est possible, même au plus fort de la fréquentation touristique, de trouver des endroits où la sérénité est préservée.
Le revers de la médaille est que, en tant que rare client potentiel, j'étais la cible de chaque vendeur de babiole (souvent des enfants...) et de chaque conducteur de calèche ou loueur de vélo...  Même si certains se montrent plus persistants que d'autres, il suffit en général de leur dire non un ou deux fois pour qu'ils disparaissent comme ils sont apparus.



Partout, des calèches permettent aux touristes, mais aussi aux locaux, de
se rendre d'un point à l'autre du site. Ici, l'une des portes du village de 'Old Bagan'.

Au cours des deux siècles et demi qu'a duré l'apogée de Bagan jusqu'aux invasions mongoles de la fin du treizième siècle, c'est une véritable frénésie de construction qui s'est emparé des différents rois de Bagan, les incitant à construire plus de 4000 temples (selon certains, il s'agirait même de plus de 12000 temples...) destinés à offrir un cadre digne de Bouddha. C'est une partie de ces structures de briques et de stuc que l'on admire encore aujourd'hui, les bâtiments laïcs, construits en bois, de la capitale impériale qu'était Bagan ont quant à eux disparu depuis longtemps.

Des siècles d'érosion, de pillages, de négligence, de restaurations pas toujours appropriées, de tremblements de terre ont bien sûr profondément modifié le site. Celui-ci n'en reste pas moins époustouflant.



J'ai passé trois jours à Bagan où j'ai rapidement perdu la notion du nombre de temples que j'ai visités. Certains sont plutôt sobres et dénués de décoration, d'autres ont les murs intérieurs recouverts de peintures anciennes, d'autres encore arborent de nombreuses statues de bouddha. Certains peuvent s'escalader, offrant des panoramas somptueux, d'autres sont en réparation et inaccessibles au public, certains sont déserts tandis que d'autres sont 'surveillés' par un gardien généralement très enthousiaste d'avoir de la visite et particulièrement zélé pour faire découvrir les moindres détails du sanctuaire dont il a la charge. 



La surface granuleuse de ce bouddha s'explique par les petites
pastilles de feuilles d'or que les fervents visiteurs y ont apposées.


On voit ici quelqu'un apposer sa donation sous forme d'une petite feuille d'or qu'il vient coller sur la statue
un peu à la manière d'une décalcomanie


Ma première matinée à Bagan a été consacrée à parcourir les sentiers de Old Bagan et à visiter les principaux temples du village. L'après-midi, une rencontre impromptue avec une expatriée américaine logeant au même hôtel que moi à Yangon m'a décidé à emprunter un des bâteaux que des pêcheurs mettent à disposition des touristes pour agrémenter leurs revenus. Cela nous a permis de traverser le majestueux fleuve et d'admirer la vue imprenable qui s'offre du sommet (surmonté d'une pagode...) de la colline que nous avons escaladée ensemble.



Au bord du fleuve, les bâteaux colorés des pêcheurs servent aussi à faire
traverser l'Irrawaddy aux villageois et aux visiteurs de passage

C'est toutefois particulièrement de mes deux jours de pérégrinations à vélo que je garde un souvenir chargé d'émotion. Pédaler au hasard des chemins de terre qui sillonnent la plaine de Bagan reliant entre eux les différents monuments religieux, les différents villages et les champs des agriculteurs permet en effet non seulement de s'approprier le lieu mais aussi d'aller à la rencontre des gens pour qui cet endroit est un cadre de vie avant d'être un site touristique ou historique.







Une de ces rencontres mémorables aura été celle que j'ai eu l'occasion de faire avec la famille Yar Pyi, dont il sera question dans le prochain billet de ce blog...

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Plusieurs séries de photos relatives à mon séjour à Bagan vont être publiées sur la page publique Facebook liée à ce blog. (https://www.facebook.com/CedricEnBirmanie)
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