Les plus fidèles lecteurs parmi vous se souviendront des difficultés rencontrées pour trouver un logement à Yangon. J’avais, il y a quelques mois, fait le deuil de mes rêves d’exotisme et m’étais résolu à arrêter de m’imaginer en Catherine Deneuve dans ‘Indochine’, prenant la pose sur la terrasse en teck d’une maison coloniale surplombant le Mékong (voir les articles http://cedricenbirmanie.blogspot.com/2013/06/catherine-ou-es-tu.html
La chasse a finalement porté ses fruits et, après avoir visité nombre de maisons et appartements, nous avons enfin trouvé l’appartement qui répond à nos critères (en matière de situation géographique, présence de terrasse, etc.) et ceux de l’institution pour laquelle nous sommes ici (exigences en matière de sécurité, nombre de pièces, niveau de confort, etc.).
Victoire, après quatre mois passés à l’hôtel, nous avons donc emménagé le 1er octobre dernier.
Surprise en débarquant avec nos bagages : tout un petit monde s’affaire dans l’appartement. Alors qu’on nous avait annoncé qu’il n’y aurait plus qu’à déposer nos valises en arrivant, il s’avère que les quelques travaux et rénovations qui avaient été convenus n’ont pas été effectués. Pire, l’appartement n’a pas été nettoyé depuis la récente rénovation qu’il a subie et tout est recouvert d’une épaisse couche de poussière…
Au milieu de toute l’agitation qui règne dans et autour de l’appartement, trône une dame que l’attitude digne et respectable me fait tout de suite identifier comme la propriétaire des lieux.
L’agent qui nous a permis de dégotter cette perle d’appartement m’avait expliqué que sa propriétaire était une actrice de renommée nationale, véritable icône du cinéma birman dans années 60 et 70.
Quand je me suis renseigné auprès de mes amis birmans, ils m’ont confirmé que Daw K. T. T. avait en effet fait rêver des générations de Birmans et jouissant d’une popularité faisant d’elle LA star féminine du cinéma birman.
C’est donc face à la Catherine Deneuve locale que je me trouvais ce matin-là !
Contrairement à notre monument national, son alter ego birman ne maîtrise pas l’anglais et seuls mes rudiments de la langue locale me permettaient de communiquer un tant soit peu avec elle.
Au demeurant charmante, je ne perçois aucun aura ou charisme particulier chez cette souriante quinquagénaire. Elle ne me frappe pas non plus par une beauté hors du commun et je soupçonne que les voyages en Thaïlande dont elle me parle auront notamment été l’occasion d’un ou deux passages par le cabinet d’un des nombreux chirurgiens esthétiques officiant à Bangkok…
Le personnel de maison est souvent pléthorique dans les foyers aisées de Birmanie. Même une famille de la classe moyenne aura en général, parfois vivant dans une annexe à la maison, une cuisinière, une femme de ménage, un jardinier et un chauffeur.
Etant donné le statut de Madame K. T. T., je suppose qu’elle emploie bien plus de personnel et que les cinq ou six personnes qui s’affairent en ce moment dans l’appartement ne représentent qu’une petite partie de son staff quotidien.
Avec une prestance que j’imagine digne de l’ancienne noblesse birmane (disparue en 1885 avec la monarchie lorsque les Britanniques ont pris le pouvoir et déporté le roi Thibaw et la reine Supayalat, derniers souverains du pays), Madame K. T. T. ne donne que peu de consignes et se borne à guider ses ouvriers qui semblent savoir ce qui est attendu d’eux.
Peu habitué à rester inactif à regarder les autres travailler (et, je le confesse, convaincu que le résultat sera plus à ma convenance si je le fais moi-même…) je profite de la disparition momentanée de la vedette pour commencer à nettoyer les placards de la cuisine.
Les coups d’œil curieux que me lançaient jusqu’ici les employés se muent alors en regards effarés, voire effrayés.
A son retour, Daw K.T. T., visiblement gênée de me voir ainsi à quatre pattes, m’enjoint de cesser immédiatement et de me reposer (Il n’est jamais que 9 heures du matin !). Je tente de lui expliquer que je préfère nettoyer que rester là assis à attendre même en sa délicieuse compagnie…
Je suis bien conscient que je la mets mal à l’aise et que je défie toutes les convenances sociales mais après vingt minutes à être planté à ses côtés à tenter de maintenir une conversation qui tourne en rond, je suis prêt à briser tous les tabous pour m’assurer qu’au moins les placards seront propres !
Manifestement embarrassée par la situation, Daw K. T. T. finit par décider de prendre un chiffon et de commencer à dépoussiérer le plan de travail de la cuisine, sous les yeux de plus en plus paniqués de ses employés.
Je ne dois toutefois pas insister trop longtemps pour la convaincre de reprendre sa place centrale à la table de la salle à manger d’où elle pourra régenter son petit monde tandis que replonge la tête dans mes placards.
J’ai hâte d’avoir l’occasion d’épater mes amis birmans en leur racontant que j’ai fait les poussières avec l’idole de leur jeunesse. Je ne suis toutefois pas sûr qu’ils me croiront…
Et finalement vous avez réussi à emménager le jour même ou pas?
RépondreSupprimerNous avons bien pu emménager le jour même ! Nous n'avions de toute facon, pas trop le choix. Les quelques travaux ont eu lieu les jours suivants sans encombres. ;-) Cedric
Supprimerun bon conseil , installe toi dans un bon fauteuil , prends un livre , savoure un thé et ...surtout laisse faire les personnes ! pour eux c'est normal et à la limite tu les offusques en faisant leur travail. Ceci dit je te comprends parfaitement car moi cela me gênerait aussi. J'ose espérer que vous êtes bien installés et que vous pouvez maintenant savourer pleinement votre "chez-vous" bisous de la Belgique où l'automne maintenant s'est bien installé en commençant hier par une tempête qui heureusement n'a pas fait de victimes. Chez nous pas de soucis pas de problèmes au niveau des toitures, arbres etc.... le quartier se porte bien :o)
RépondreSupprimerMerci pour ces nouvelles du quartier ! Je m'inquietais en effet... Profitez bien de l'automne et de ses couleurs ! Cedric
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