mercredi 12 juin 2013

Catherine, où es-tu ?




J’avais entendu que la recherche d’un logement ne serait pas une sinécure mais on ne m’en avait jamais expliqué clairement les raisons... Me voilà à Yangon depuis 3 jours et je commence à comprendre…

Le pays a connu de grands bouleversements ces deux dernières années. La politique du gouvernement de U Thein Sein implique une ouverture rapide (précipitée ??) du pays, aussi bien au niveau politique qu’économique.

Une des conséquences de cette ouverture est l’afflux d’étrangers dans le pays, et principalement à Yangon.

Qu’il s’agisse des multinationales pressées de profiter de ce grand marché presque encore vierge, des holdings avides d’exploiter les ressources naturelles énormes du pays ou des Etats soucieux d’établir des relations diplomatiques, l’effet est le même : les expatriés débarquent par centaines.

Tous ces gens et leur famille ont besoin d’un logement répondant à certaines normes ‘occidentales’ de mobilité, de confort, de sécurité, etc. Une nouvelle demande apparaît donc et s’amplifie rapidement tandis que l’offre, presque inexistante, reste relativement stable car peu élastique à court terme. Les grues des entreprises de construction sont à l'oeuvre partout et des blocs d'appartements s'élèvent dans chaque quartier mais il faudra encore quelque temps pour que la situation s'équilibre.

En corollaire à ce débarquement d’expatriés exigeants, l’argent se déverse dans le pays comme les pluies de la mousson, la différence étant que le flux est ininterrompu, qu’il dure depuis deux ans, et que la population locale n’y était pas préparée.
Et l’argent, comme souvent, pourrit tout…

Les rares expatriés présents ici depuis quelques années m’ont ainsi parlé des grands changements qu’ils ont remarqués ces derniers mois dans leurs relations avec les autochtones.
Les Birmans deviennent gourmands, et ceux qui peuvent profiter de la manne soudaine se disent certainement qu’il faut en tirer le maximum tant que c’est possible.

Résultat : des propriétaires de maisons à Yangon qui s’en vont vivre ailleurs pour mettre leur maison en location au plus offrant. Et les grandes entreprises et ambassades ne regardent pas à la dépense quand il s’agit de s’assurer une présence dans ce pays présenté comme le dernier eldorado.

Les loyers explosent donc et atteignent des sommes faramineuses. Les quelques appartements disponibles et les maisons répondant aux critères fixés sont mis sur le marché pour des loyers allant jusqu’à 7000 US$. Et je parle là d’appartements et maisons ‘de base’ (à nos yeux d’occidentaux) et non des maisons de prestige réservées aux PDG et autres ambassadeurs…

Le prix des hôtels suit la même cadence. Entre février et juin, les prix ont ainsi littéralement explosé. Le prix de la chambre d’hôtel où nous logeons a ainsi augmenté de 50% depuis ma première visite il y a quatre mois bien que nous soyons maintenant en ‘basse saison touristique’ (saison des pluies) tandis que février, lors de mon premier séjour ici, est un mois où l’affluence des touristes est à son apogée.

Premier grand défi donc dans ma recherche de logement : des loyers inimaginables où sévit une inflation record.

L’institution officielle pour laquelle je suis ici (en tant que conjoint !) paiera heureusement notre loyer, tout comme elle finance l’hôtel en attendant que nous soyons logés de manière plus permanente.

Comme nous étions les premiers sur place, l’Institution en question n’est pas au courant de cette situation et se base sur les loyers des pays environnants (Thaïlande, Cambodge et Laos) où les expatriés sont logés dans des appartements de haut standing pour un loyer équivalent à celui d’un appartement ‘classique’ dans les beaux quartiers de Bruxelles (+- 2000€).

Deuxième défi dès lors : faire prendre conscience aux services concernés de la situation du marché immobilier local et adapter en conséquence les budgets prévus.

Le troisième défi auquel je suis confronté, et qui est lié aux deux précédents, est que le contrat de location qui est imposé par  «  l’Institution » aux propriétaires les rebute à plus d’un titre.  Et oui, cela m’a aussi étonné mais c’est comme cela que ça se passe, alors que pour vous et moi commun des mortels, c’est normalement le propriétaire qui propose un contrat de location, quand « l’Institution » est locataire, c’est elle qui impose un contrat de location que le propriétaire doit signer…

Et les propriétaires en question, qui ont l’embarras du choix en matière de locataires potentiels, sont rarement disposés à se laisser dicter leurs obligations et devoirs par une entité dont ils n’ont jamais entendu parler.

Résultat des courses : après avoir passé plusieurs jours à discuter, négocier, s’arranger en prenant toutes les précautions possibles pour ne faire ‘perdre la face’ à aucune des parties impliquées, on  apprend que la maison convoitée malgré ses nombreux défauts nous passe sous le nez car un autre candidat a payé cash les premiers mois de loyer.

Entre les liasses de dollars et un contrat de 7 pages imposé par le locataire et clairement à l’avantage de celui-ci, le choix du propriétaire est évidemment vite fait.

Désolé donc de décevoir ceux qui m’imaginaient déjà en Catherine Deneuve version ‘Indochine’, confortablement installé dans notre grande maison coloniale surplombant le lac...


Il s’agira plus probablement d’une maison modeste, aux câbles électriques apparents, à la salle de bain d’époque et aux murs constellés de moisissures et de champignons, même à la saison sèche.

Mais comme me l’a assuré l’expatrié qui m’a expliqué tout ceci et qui a visité plus de 80 maisons ces trois derniers mois, il ne faut pas perdre espoir, une bonne surprise est toujours possible.

C’est donc plein d’entrain que j’ai commencé à contacter les agents immobiliers ce matin !

J’ai toute confiance en ma bonne étoile.


1 commentaire: