lundi 26 août 2013

La beauté de la décrépitude


Une récente balade exploratoire de la ville m'a mené récemment vers ce qui est indiqué sur un plan de la ville comme une 'plaine de jeux'.

Sur le plan, les dimensions de cet espace avaient l'air respectables, et je me suis dit que cela vaudrait peut-être la peine d'aller y jeter un oeil.

Arrivé sur place (après avoir dû escalader un mur pour y accéder), je découvre une immense plaine, recouverte de hautes herbes parcourues de sentiers créés par les passages répétés et parsemée de bosquets et d'alignements d'arbres.

Sur un côté de cette plaine s'élève un bâtiment qui a l'air abandonné. Je décide de m'en approcher.


Arrivé plus près, je constate qu'il s'agit d'une sorte de tribune qui devait, à l'époque, permettre à plusieurs centaines de spectateurs de suivre les activités sportives se déroulant sur la plaine.

Le pays ayant été sous domination britannique pendant plusieurs décennies, j'imagine la haute société coloniale de Rangoun se faisant ici servir le thé les dimanches après-midi en jouissant du spectacle des courses hippiques organisées pour leur diverstissement.

La patine de la pierre que mange la végétation donne à l'endroit un air parfois mélancolique, parfois menaçant


Du haut des gradins, on peut apprécier les dimensions de
cet espace jadis dédié au sport

L'endroit est désert et après avoir gravi les gradins pour profiter de la vue sur la plaine de sports, je m'aventure dans les sous-sols du bâtiment humide et rongé par la moisissure.
Il doit s'agir d'anciens vestiaires, d'écuries ou peut-être plus simplement de l'endroit où s'organisait la logistique des événements sportifs organisés ici jadis.

Différents indices me portent à croire que l'endroit est squatté et que des familles doivent vivre ici.
Je préfère donc ne pas pousser mes investigations trop loin et ressors du bâtiment que j'entreprends alors de contourner.




A quoi peut bien servir cette cage dont l'aspect
flambant neuf tranche avec l'endroit ?


Arrivé à l'arrière du bâtiment, l'occupation de celui-ci semble plus évidente.

 




Je continue de contourner le bâtiment et aperçois un groupe de femmes qui pénètrent dans celui-ci par une porte en partie cachée par la végétation.

Je décide de les suivre et débouche sur une passerelle métallique qui me permet d'embrasser du regard un grand espace qui semble servir d'entrepôt. Plus de traces du petit groupe qui me précédait, où ont-elle disparu ?


 

La passerelle mène à un escalier que j'emprunte. A l'étage, une série d'ouvertures, autrefois probablement vitrées, permettent de surplomber l'arrière du bâtiment.

Tout ici est à l'abandon, les escaliers ont perdu leurs rampes, des trous béants percent le sol de béton et de gros blocs de briques semblent se détacher régulièrement des murs et des plafonds.

 

L'ascenseur semble attendre au fond de sa cage.
Plus aucune porte ou cloison n'empêche l'imprudent
visiteur de plonger à sa rencontre

Le contre-poids de l'ascenseur aussi semble attendre
le retour de jours meilleurs


Après avoir longé le bâtiment sur toute sa longueur au niveau du premier étage, je redescends par la volée d'escaliers que je trouve à l'extrémité du couloir.

 

Pas plus engageant que la cage d'ascenseur,
c'est prudemment et en longeant le mur que je
descends par cet escalier...



Peut-être vaut-il mieux que je ne comprenne
pas les avertissements écrits sur le mur...
























 
Je débouche dans un grand hall encombré de vieilles palettes et autres meubles en plus ou moins mauvais état. Au détour d'un de ces amoncellements, je rencontre trois femmes accroupies occupées de débiter des noix de bétel en petits morceaux prêts à l'usage. Un des petits boulots qui permettent d'assurer la survie de nombreuses personnes en Birmanie.



Etonnées de me voir là, elles acquiescent de la tête quand je leur demande si je peux prendre une photo et me
gratifient d'un grand sourire quand je les remercie après les avoir observées pendant quelques minutes.


Les trois dames m'indiquent le chemin de la sortie et je me retrouve à nouveau à l'avant du bâtiment. 




Trois hommes portant le longyi traditonnel discutent en regardant la plaine qui s'étale devant leurs yeux. Je me demande s'il s'agit des maris des trois femmes que je viens de croiser et s'ils habitent là, dans les sous-sols des tribunes.

 

Les Birmans sont souvent accroupis comme sur cette photo. C'est dans cette position qu'ils attendent le bus ou
se reposent au bord du chemin, même quand des sièges ou rebords permettraient de s'asseoir.


En traversant le terrain herbeux pour regagner la sortie, je tombe sur quelques chèvres. Je suppose que celles-ci contribuent à la subsistance des familles qui ont élu domicile ici, recréant à leur manière un mode de vie rural en plein milieu de la métropole.


 



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