mardi 22 octobre 2013

Le numéro que vous avez demandé...


La Birmanie est un pays compliqué…

Depuis que le gouvernement a décidé d’ouvrir le pays après des années d’isolement et de repli sur soi, le ‘retard’ à rattraper est abyssal.
Cela se manifeste dans de multiples aspects de la vie quotidienne.

Aujourd’hui, c’est de téléphonie qu’il sera question.
En effet, ça y est, j’ai un numéro de téléphone permanent !

Jusqu’à présent, je devais changer de numéro de téléphone (portable) chaque mois…
De fait, deux possibilités s’offraient à qui souhaitait acheter une carte SIM afin de pouvoir utiliser leur GSM.

La première option était d’acheter sur le marché parallèle une carte SIM ‘classique’ (dans le sens occidental du terme). Il s’agit alors de cartes qui avaient été attribuées par tirage au sort à des Birmans. En effet, la demande est tellement forte et les disponibilités insuffisantes qu’un système de tirage au sort a été instauré. C’est ainsi que l’on peut régulièrement lire dans la presse quotidienne qu’un tirage au sort aura lieu dans tel village de tel district du pays où 1000 cartes SIM seront mises en jeu. Libre alors aux citoyens birmans de s’inscrire à la loterie. La somme à payer est modique, mais les bénéfices potentiels énormes dans la mesure où les heureux lauréats pourront, s’ils le souhaitent, remettre leur carte SIM en vente au plus offrant.

C’est ainsi qu’il est facile de trouver à Yangon des ‘agents’ qui se sont spécialisés dans ce commerce en jouant les intermédiaires entre les vendeurs et les achteurs potentiels. Il y a environ un an, le prix de vente était d’environ 1000 dollars. Quand on sait que la grande majorité des Birmans survit avec l’équivalent de quelques dollars par mois, on comprend aisément que la tentation de revendre sa carte SIM est très grande…

Quand je suis arrivé ici en juin, le prix de la transaction tournait autour des 300$, somme que je refusais de payer pour une carte SIM (après tout, jusqu’il y a peu, je vivais très bien sans téléphone portable !).

La solution de repli était l’achat de cartes temporaires. Celles-ci coûtaient 20$ et avaient une durée de vie d’un mois à compter du jour de leur activation. C’est ainsi que chaque mois, je notifiais mes quelques contacts de mon changement de numéro de GSM. Ce système me convenait et j’étais bien déterminé à continuer à l’utiliser jusqu’à ce que le prix des cartes ‘classiques’ retombe à un prix plus ‘normal’, ce qui devrait immanquablement se produire.

Jusqu’au jour où, me rendant à la boutique où j’avais pris l’habitude d’aller chaque mois me procurer une nouvelle carte (et le nouveau numéro assorti !), on m’explique que ce type de carte n’existe plus…
Après m’être renseigné de toute part et avoir fait le tour des nombreuses boutiques susceptibles de vendre ces cartes, il a bien fallu que je me rende à l’évidence, celles-ci avaient bien disparu du paysage du jour au lendemain et sans notification préalable…

Ne restait donc plus que les cartes issues du tirage au sort.

Après quelques semaines de rébellion, je me suis incliné et ai acheté une ce ces cartes…

Heureusement, leur prix baisse régulièrement et j’ai pu en trouver une à 170$. C’était la moins chère du lot. En effet, dans un pays où la numérologie occupe un place d’honneur, il est important d’avoir un numéro de téléphone approprié ! Celui dont j’ai hérité n’offre sans doute pas, aux yeux des Birmans, une combinaison optimale. Je m’en soucie peu.

Je suis donc à présent propriétaire de la carte SIM d’une jeune Birmane, heureuse gagnante à la loterie de son village. En rachetant sa carte, j’ai bien sûr reçu le document officiel qui lui avait été remis, dûment tamponné aux endroits requis et orné de la photo de la jeune fille en question (pour chaque document on vous demande deux photos d’identité ici !).

J’ai eu de la chance, il semblerait que l’ancienne propriétaire du numéro de l’a jamais utilisé. En effet, plusieurs personnes de mon entourage qui ont dû, comme moi, avoir recours à cette méthode pour se procurer une carte de téléphone, reçoivent depuis lors régulièrement des appels ou des SMS, parfois coquins, de personnes qu’ils ne connaissent pas. Les malheureux correspondants n’auront manifestement pas été informés que la carte avait entretemps trouvé preneur sur le marché parallèle…

Ce document aura été pour moi l'occasion d'apprendre qu'il n'y avait pas (encore ?)
d'équivalent au mot 'SIM card' en birman...


Dans un prochain billet, je vous raconterai comment j'ai eu l'occasion de faire les poussières avec Catherine Deneuve (ou presque...)

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