dimanche 15 septembre 2013

La fabrique de sucre de palme




Le dernier stûpa n'a pas encore disparu à l'horizon que la plaine se hérisse d'autres sentinelles, d'une tout autre nature.

La jolie vallée que je traverse est en effet parsemée de nombreux palmiers dont les troncs sont flanqués d'étroites échelles de bambou.

Deux des palmiers exploités par mon interlocuteur.
L'engin que l'on voit à droite des palmiers est une presse à
arachides servant à produire de l'huile (champs d'arachides derrière les palmiers).

Régulièrement, de petites constructions sommaires se dressent au bord de la route longiline que nous semblons être les seuls à emprunter aujourd'hui. Une cinquantaine de kilomètres séparent en effet Bagan de Mount Popa, ma destination aujourd'hui, qui fera l'objet d'un prochain billet.

Poussé par ma curiosité, je demande au chauffeur de taxi de s'arrêter à l'une de ces installations devant lesquelles se dressent des présentoirs. 

A peine sorti de la voiture, le propriétaire des lieux apparaît et entreprend de m'expliquer ce qu'il propose à la vente...

Les petites échoppes qui se succèdent le long de la route sont en réalité autant de petites unités de productions de sucre de palme.

Les palmiers en question sont en effet des palmiers à sucre (Borassus flabellifer) dont la sève est récoltée au niveau des inflorescences de l'arbre au moyen de petits récipients hissés là-haut grâce aux frêles échelles que j'avais repérées depuis la route. Il semblerait qu'un seul de ces arbres peut produire de 10 à 20 litres de sève par jour pendant toute la saison, qui dure environ 5 mois. Les récipients sont donc vidés deux fois par jour. Selon mon interlocuteur, les six arbres qu'il exploite ici ont environ 40 ans et peuvent vivre et produire de la sève jusqu'à 400 ans... 

 

Ce ne sont pas des noix de coco au sommet de
cet arbre, mais des petits récipients ronds en céramique
placés là-haut pour récolter la sève.
 Une dégustation m'est proposée (imposée ?) et je comprends vite que je ne partirai pas de là avant d'avoir acheté quelque chose...

Le premier trésor que l'on me fait goûter est le sucre de palmier cristallisé. Je ne prends qu'une pépite du morceau qui m'est présenté. Une explosion sucrée fond sur ma langue. La texture et le goût me rappellent les petites billes mordorées que je cherchais avidement dans la cassonnade blonde qui égayait les crêpes de mon enfance.

Ayant repéré en moi la "bouc' à suc' ", surnom ch'ti dont on m'a plus d'une fois affublé dans ma jeunesse picarde, le patron me présente maintenant son sucre parfumé à la noix de coco. Divin.
Vient ensuite le sucre de palme parfumé à la 'sour plum' (prune amère ?). Moins convaincant en ce qui me concerne...




Puis il passe aux choses sérieuses... Il me fait d'abord goûter le sirop de palmier, soit la sève fraîche récoltée ce matin. Un liquide sirupeux, très sucré mais peu parfumé.

Ensuite, c'est la version fermentée (depuis hier) qu'il me propose. Il appelle ça 'toddy'. Le sirop est devenu blanchâtre, un peu mousseux et on y goûte bien les quelques degrés d'alcool qui s'y sont développés.

C'est enfin de l'alcool distillé qu'il m'invite à essayer. D'abord l'alcool pur, trop fort pour moi, qui rappelle la vodka, puis une version adoucie au miel récolté dans les colonies d'abeilles sauvages locales.

Après la dégustation vient le moment de la visite de l'installation.
Mon interlocuteur me fait visiter son exploitation, qui se limite aux six arbres qu'il exploite et à la hutte qu'il s'est construite et qui lui sert aussi bien de fabrique que d'habitation.

L'exploitant me montre une inflorescence mâle (le palmier à sucre est dioïque)



La fermentation de la sève

















La distillation de la sève de palmier

L'occasion de me rendre compte qu'outre sa sève, le palmier procure à l'exploitant les matériaux pour la construction de son habitation. La hutte est en effet construite avec le bois du palmier tandis que le toit est constitué de palmes entremêlées qui dureront plusieurs années.

Les tables et chaises sont aussi construites avec les matériaux locaux, à savoir des branchages ou des rondelles de troncs de palmier ! Quant aux paniers présentant les différents produits confectionnés ici, ils sont faits à partir de palmes tressées. Une industrie familiale dont l'empreinte écologique doit être proche de zéro...  





Avant mon départ, une salade de feuilles de thé vert me sera
offerte dans un plat en laque prévu à cet effet...


Inutile d'ajouter que je ne suis pas reparti les mains vides de cette exploitation familiale bien sympathique...

4 commentaires:

  1. Le sucre de palme a un indice glycémique beaucoup plus faible que le sucre traditionnel (canne ou betterave), il contient aussi plus de fructose. Il est utilisé dans les régimes diabétiques ou anticandida. Et en plus,c'est délicieux, dommage qu'il soit si cher ici. Cédric, tu m'en envoies?
    Pascale

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  2. dans tes billets, pourrais-tu préciser les coûts de tes différentes expériences (convertis en EURO... bien sûr).
    Yves.

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    1. Je ne souhaite pas vraiment mentionner les prix de chaque excursion, repas, etc. et transformer ce blog en 'Guide du routard en ligne'. Mais je me tiens à la disposition des personnes intéressées pour leur donner une idée du budget nécessaire pour telle ou telle excursion, visite ou autre. Cédric

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  3. nous nous sommes également arrêtés ici et avons dégusté le même petit goûter !

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